Allison Linde au Korigan le 13 juin 2013

Interview réalisée par Jazz en Provence le jeudi 13 juin 2013 à l’occasion d’un concert public avec le Trio Magica au Korigan.

Crédit photo Alvyn Kaplan

Allison Linde & le Trio Magica - Soirée "Jazz au Korigan"
JePBonjour Allison ! Pour commencer nous vous remercions d’avoir accepté de répondre aux questions de Jazz en Provence. Nous allons pouvoir vous connaître un peu mieux.
 
A.L. : Bonjour Jazz en Provence ! Je suis prête.

 

JeP : Donc Allison qui êtes-vous ?
 
A.L. : Et bien, je suis américaine. Je viens de l’état de l’Oklahoma… L’allée des tornades. J’ai 25 ans et je poursuis une carrière de chanteuse de jazz en France.
 
JePComment en êtes-vous arrivée à chanter du jazz ?
 
A.L. : Un peu par hasard. Je ne chantais pas professionnellement aux Etats Unis avant de m’installer en France, mais je chantais pour mon plaisir, souvent dans la salle de bain ! J’étais trop timide pour chanter en public. Je chantais dans des choeurs de mon église quand j’étais petite, et puis dans des chorales classiques au lycée, mais rarement seule. Par contre, mon évolution vers le jazz était assez naturelle parce que mon père est musicien de jazz, clarinettiste et saxophoniste, plus précisément, ainsi que mon grand-père et mon arrière grand-père. C’est dans les gènes ! Lors de mon installation en France, j’ai trouvé de la confiance pour chanter du jazz en public, devant des amis, d’abord, et puis sur scène peu après. A travers mes contacts, j’ai rencontré des musiciens amateurs, puis des musiciens professionnels, qui m’ont chacun aidé à progresser dans le genre. Ca fait, en tout, un peu plus de 2 ans maintenant que je chante du jazz.
 
JePVous parlez remarquablement bien le français. Depuis quand vivez-vous en France ?
 
A.L. : Merci ! J’habite en France depuis 3 ans.
 
JePComment se sont passés vos débuts en France ?
 
A.L. : Je suis venue en France d’abord pour un simple séjour d’été. Je venais de terminer mes études universitaires dans la psychologie aux States, mais je ne voulais pas poursuivre une carrière dans la matière. Je pense que je suis un peu trop empathique face aux problèmes des autres. Pour être un bon psychologue, il ne faut pas laisser les malheurs des autres vous suivre chez vous, et moi, ce n’est pas mon cas. Donc, ayant acquis ma licence, je ne savais pas ce que je voulais faire ensuite. J’avais envie d’un peu d’aventure, et je l’ai trouvé un jour quand ma colocataire de la fac m’a informé qu’elle connaissais une anglaise que tenait des chambres d’hôte en Bretagne et que cette dame aurait peut-être besoin d’aide sur sa ferme pendant l’été. J’ai dit oui sans hésitation. J’avais toujours aimé la culture française, et j’avais même pris des cours de français pendant 3 ans au lycée. J’ai vue une opportunité non seulement de pratiquer une langue étrangère que j’aimais beaucoup, mais aussi de me changer les idées et de réfléchir sur ce que je voulais vraiment faire de ma vie. Pendant ces mois-là, j’ai rencontré un écrivain français qui s’appelle Jean-Pierre Paumier et qui est venu rester quelques semaines dans la chambre d’hôte. Il était tellement impressionné par la vitesse à laquelle mon français progressait au fil de nos discussions, malgré le fait que je parlais à peine en arrivant en Bretagne, qu’il m’a proposé un travail de traduction de ses romans de français en anglais. J’ai accepté, et je suis donc venue m’installer dans le sud pour traduire, continuer mes etudes avec une deuxième licence en lettres modernes, et bien sûr, chanter !
 
JePComment trouvez-vous le public français par rapport au public américain ou d’autres pays ?
 
A.L. : En général, je trouve que les français sont très accueillants  Le public français est très encourageant et positif. J’ai découvert que les français aiment énormément le jazz, ce que je ne savais pas avant. Je pense que c’est pourquoi je me sens aussi à l’aise pour chanter en public en France. Je ressens une vraie appréciation pour ce que j’ai à partager. Le public le reçoit sans jugement, sans critique… enfin, à part les critiques constructives. Le genre du jazz rappelle sans doute une époque où il y avait de quoi être fier d’être américain, pendant la deuxième guerre mondiale, par exemple, lors des embarquements sur les plages de Normandie. C’est un genre que les soldats, ainsi que les artistes, les littéraires, et les musiciens américains expatriés en France, ont apporté avec eux. Je pense que c’est pour ça que le jazz est aussi apprécié par le public français: ça leur rappelle la belle époque.
 
JePQuelle est votre actualité pour les mois à venir ?
 
A.L. : Et bien, je tourne cet été en formation de quintet avec Jean Cortès à la contrebasse, Arnaud Agullo à la guitare, Lionel Dandine au piano, et Philippe Jardin à la batterie. Je chante demain soir, le 14 juin, au prestigieux Studio 11 de Toulon, puis à la Voute Provençale d’Ollioules le lendemain. Après, je prends une petite semaine ou deux de repos, puis on joue le 29 juin à la Destrousse sur la Place de la Mairie. Mais je pense que l’actualité la plus importante est la sortie de mon premier disque, une collection de reprises de standards américains, et parfois français, adaptés à notre sauce, attendu pour début juillet. L’album s’appelle “Come on up to the house” et s’agit d’une collaboration de nombreux musiciens varois, y compris Eric Méridiano (piano), Boris Colls (drums), Jean Cortès (contrebasse), Arnaud Agullo (guitare), François Devun (violon), Fabrice Agnoli (bugle), Gérard Murphy (saxophone), Emile Mélanchon (guitare) et Jo Labitat (accordéon). Grâce à la direction musicale de Jean Cortès, au financement à travers My Major Company et à la production gérée par Francis Briot à Show Time Prod, nous verrons enfin les fruits de nos efforts unis !
 
JePVous avez été sélectionnée pour le concours vocal ……  Quel est l’enjeu de ce concours ?
 
A.L. : Oui, j’ai le grand honneur d’être sélectionnée parmi 8 candidats pour le concours du jazz vocal à Crest. Le concours aura lieu le 6 août 2013. Le premier prix du concours est 1500 euros, et le deuxième est minimum 750 euros. Les gagnants seront annoncés le 10 août lors de la cérémonie de clôture.
 
JePVous vous produisez ce soir avec le Trio Magica (Manu Decormis, Gilles Fagot et Carl Bouchaux). Comment s’est effectuée cette rencontre ?
 
A.L. : Mon agent Francis connaissait Carl Bouchaux déjà à travers l’association Jazz en Provence. Carl est venu à mon concert au Phacomochère à Méyrargues, et je l’ai rencontré après. Carl avait l’air d’aimer ce que je fais, donc, de la part du Trio Magica, il m’a invité à venir faire une prestation ce soir au Korigan. J’ai accepté, et donc me voilà, prête à chanter !
 
JePAvez-vous un message que vous aimeriez passer à travers Jazz en Provence ?

A.L. : Le seul message que j’ai à communiquer, c’est “Continuez tous, amateurs et amatrices de ce genre unique et historique, à faire vivre le jazz dans vos vies… Notre mission, c’est de garder cette tradition, de faire survivre un genre musical parfois en voie de disparition à cause de les modes qui consistent à écouter du bruit commercialisé à la radio. Sauvons un genre qui prise la qualité musicale plutôt que la quantité d’argent à gagner.”

JeP : Merci Allison pour nous avoir consacré votre temps et bon concert !

A.L. : Merci à vous.

Allison Linde & le Trio Magica - Soirée "Jazz au Korigan"